• L’image de couverture représente bien le texte : une volute de fumée qui dessine un chemin mais ne dédaigne pas les circonvolutions, les voies de traverses, les transparences pointillées.

    Mais cette image presque veloutée se heurte au titre tonitruant : Comme un fracas. Fracas du monde, chaos des armes, évidences de logiques assassines, absurdités des haines…

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    Retrouvez la suite de cet article dans le prochain numéro d'Eulalie - la revue

     

     

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  • Ca commence par un drame familial, dans la salle des fêtes d'un village de l'ouest de la France et chez Patou, le bar où l’on a toujours une oreille amie. Très vite, cette histoire de famille en fait émerger d’autres, d’amour, de douleurs, de guerre en Algérie, et des questions comme des plaies béantes. « Quels sont les hommes qui peuvent faire ça. Pas des hommes qui peuvent faire ça. Et pourtant. Des hommes ». Les pages condensent une journée et quarante ans de souvenirs brûlants, transformant notre regard sur Bernard, dit Feu-de-Bois, bourreau autant que victime.

    Cette fiction aux accents proches d’un Jean Meckert, est servie par une langue toute en poésie, en pudeur et en spirale, où percent au cœur d’un fait divers les éclats d’une humanité aux sombres scintillements.


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  • BW est le compagnon de Lydie Salvayre. BW est le fondateur des éditions Verticales. Et le 15 mai 2008, BW perd la vue. Ces trois thèmes se mêlent dans ce roman où sont décortiqués la construction de l'homme, la vie littéraire, les relations du couple, leurs engagements politiques et esthétiques. Au fil des pages se dessine autant le portrait de l'éditeur que de l'édition, dont l'évolution récente est presque aussi dure à vivre pour BW que la cécité : « je lis de moins en moins de livres qui me brûlent ». Le style est caractéristique de la lauréate du prix Novembre 1997 : phrases courtes, dialogues intégrés directement dans les paragraphes, humour corosif... Entre l'anecdotique et l'édifiant, Lydie Salvayre dresse de BW un portrait sensible.

     

    © Francois ANNYCKE

     

     

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  • Norah, Fanta, Khady Demba sont de celles qui restent debout à l'orée du désastre. Leur puissance n'est pas tant faite de révolte ou de colère que de cette capacité à rester humaine malgré tout. Car dans le pli des mots et de leur vie de fille, de mère, d'épouse, reste toujours la souffrance, vécue non pas comme la violence d'une blessure ou d'un coup mais plutôt comme la purulence d'une plaie qui ne cicratise jamais. Les trois récits qui composent ce livre ont entre eux des liens suffisamment lâches pour tout de même fonctionner de manière autonome. La narration, assez classique, laisse une place à des fulgurances d'irréels. Entre épopée et huis clos, Marie NDiaye dissèque les relations humaines et les livre à notre réflexion.

     

    © François ANNYCKE

     

     

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  • Voici un livre assez original. Le pont Le Corbusier qui relie les deux gares de Lille a fait l’objet d’un ouvrage qui rend hommage à son architecte aujourd’hui disparu, François Deslaugiers. L’hommage est assez classique dans deux des trois parties du livre : la partie centrale, consacrée au projet avec les mots et les dessins de l’architecte, et la postface signée François Chaslin qui rend compte de sa vie et de son œuvre.

    Le texte principal l’est beaucoup moins. Il a été écrit par Nathalie Quintane, l’un des grands noms de la poésie contemporaine dont Jean-Michel Espitallier disait qu’elle interrogeait « avec une acuité de sociologue notre monde, filmant le réel comme un objet plat ».

    D’ailleurs l’objet en question l’est assez, plat. Le viaduc Le Corbusier est caractérisé à la fois par son aspect de « rue en l’air » comme le dit l’architecte lui-même, et par ses arches disposées de manière originale et esthétique. Cet esthétisme n’a plu que modérément d’ailleurs à Rem Koohlas, l’architecte-chef d’orchestre d’Euralille pour qui l’harmonie déstructurée et le chaos étaient des leitmotivs, entre autres. Sur l’ensemble du nouveau quartier pourtant, le pont fait parties des plus belles réalisations.

    Mais au-delà de ce pont, qui relie les deux quartiers de Lille - son quartier historique et son quartier d’affaire -, ce livre est intéressant pour les textes de Nathalie Quintane. Elle imagine des rencontres entre elle et des personnages venus de Marseille (Jean-Paul), des habitants de Lille (Martine, Charles)... On reconnaît parfois en creux les sources d’inspiration, même si les noms ne sont pas cités. Le pont est décors, sujet ou anecdote dans ces courtes nouvelles, comme cette description anthropomorphe : 

    « Je regarde en l’air, sous mon pont, les dessous de son tablier ; pourvu qu’il soit étanche, qu’il ne me pisse pas dessus son eau de pluie. Mais non, son arc incorrect et sec se déploie ; de l’humour, mais de la rigueur. De l’élégance, mais de la rigueur et de l’humour. (…). Il ne cherche pas à s’envoler, mon pont, mais il cherche quand même à décoller.

    « Un pont qui décolle. (…) Mais c’est à l’évidence aussi un homme écartelé, en tout cas écarté, sur une roue, avant son supplice, car on ne lui a pas défoncé la poitrine et ses membres sont intacts, tendus, musclés (…). Voilà donc un pont anatomisé : il aura suffit de basculer perpendiculairement ses arches pour qu’on les voie, ou plutôt qu’elles se rappellent à notre attention. »

    L’image du pont-squelette, l’humain dépecé au milieu d’Euralille est assez parlante. Un livre intéressant pour la multiplicité de ses entrées et leurs interactions. Un bémol cependant : dommage que les photos et la maquette ne soient pas à la hauteur du pont et des contributions.

     

    Nathalie Quintane, François Deslaugiers, Le Viaduc Le Corbusier, Al Dante collection édifice, 2010 - 20 €

     

     

    Article à paraître dans le prochain Babelle

     

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